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UNE ELECTION SINGULIERE, DES CANDIDATS INSOLITES

par LEXPRESSIONCENTRAFRIQUE 8 Janvier 2016, 10:57 Politique

La singularité de cette élection s’est définie par son contexte, son organisation, son enjeu mais aussi par le profil de ses candidats. Jamais une élection n’a généré tant d'engouements, de passions, de spéculations et de fantasmes en Centrafrique. Elle a drainé toutes les couches de la population vers les urnes d'une manière ou d'une autre. Chaque centrafricain a eu l'occasion de s'exprimer librement même si les contestations n'ont pas manqué d'être au rendez-vous comme, d’ailleurs, toutes les élections en Afrique. Les différentes figures politiques centrafricaines s’y sont représentées.

En outre, il convient de préciser que cette élection s'est aussi singularisée par la pléthore des candidats, trente. Cela semble avoir battu tous les records de candidatures présidentielles sur la planète, et notamment en Afrique. Malheureusement, une vingtaine de candidats n’ont pas pu atteindre plus de 5%. Les électeurs ont su faire la part des choses. Les critères classiques tels que appartenir à un grand parti politique, être populaire, utiliser de grands moyens, etc. ont été déjoués.

Il y a lieu de s’attarder sur les contestations. D’abord, il faut souligner que c’est la première fois que tous les candidats partent sur les mêmes pieds d’égalité. Il n’y a pas eu de président sortant même si, au-delà, la présidente de la transition a été accusée par de mauvaises langues d’avoir favorisé un candidat. Ce qui n'en était pas le cas. Les résultats ont formellement démenti tous ses détracteurs. Rien d'étonnant! Ne l’oublions pas, l’un des vices bien ancrés dans les mœurs centrafricaines : ce sont les rumeurs et les spéculations.

Remarquons aussi une chose. Généralement, les contestations se font après la proclamation définitive des résultats, mais il est inédit de remarquer que plus d’une vingtaine de candidats dont la plupart n’ont pas atteint la moitié de 5% ont désapprouvé les résultats dès le début du dépouillement. Ce qui n’a pas laissé les observateurs indifférents sur les comportements étranges des candidats. Heureusement, la raison a pu remporter sur cet aveu de péril imminent.

Il est à noter sans détours que cette élection du 1° tour a été émaillée de beaucoup de surprises. Nous en retiendrons quelques-unes parmi tant d'autres. Au départ, les candidats dits de « poids lourds » étaient déjà prédestinés à une victoire inéluctable par certains observateurs. Tous les pronostics se portaient sur les deux grands partis politiques, notamment le MLPC de Martin Ziguélé et le RDC de Désiré Zanga Kolingba bien implantés dans le paysage politique centrafricain. Mais la première surprise, c’est de voir ces deux candidats de ces deux grands partis éliminés au 1° tour. Personne ne s’y attendait même s’il y a eu des signes précurseurs pour l’un des deux. La deuxième surprise, ce sont deux anciens PM qui se qualifient pour le 2° tour avec de très faibles résultats : Dologuélé et Touadéra. Ces deux-là ont quelques points communs qui font d'eux des candidats insolites. D’abord, ce sont des anciens PM de deux différentes écoles politiques mais liées d’une manière ou d’une autre aujourd'hui au parti KNK de l’ancien Président Bozizé pour le besoin de la cause.

C’est pourquoi, à ce deuxième tour, le paysage électoral deviendra clair et dégagé de toutes confusions égoïstes et partisanes mais aussi embarrassant. Car, la question embarrassante se trouve au niveau des militants de parti travailliste KNK. Ils ont un leader incarné du KNK qui est maintenant au 2 tour même s'il en a été exclu. Pourtant, il a toujours voulu être fidèle à son parti mais sa volonté de poser sa candidature a été mal interprétée. En effet, la troisième surprise est un dilemme de choix idéologique. Qui des deux les militants de KNK choisiront-ils? Vont-ils assurer la continuité de leur ligne idéologique ou vont-ils épouser une autre idéologie? Il convient de rappeler que l’ancien PM Touadéra incarnait ou incarne encore l'idéologie du parti KNK. Ce même Parti soutient officiellement par alliance son adversaire du 2° tour Dologuélé qui, il faut le souligner, est d’un autre bord politique. Certains militants KNK récusent, d'ailleurs, cette alliance qu'ils jugent contre -nature.

En somme, la question revient aux électeurs centrafricains : Pour ce 2° tour, le peuple votera-t-il un homme ou un programme inspiré d’une idéologie politique ? Un peu comme aux USA où l'on est démocrate ou républicain, en France où l'on est de gauche ou de droite, en Angleterre où l'on est travailliste ou conservateur. C'est une nouvelle expérience pour les Centrafricains. Et c’est la plus grande singularité de cette élection. Au-delà des considérations partisanes, ethniques ou affectives, le centrafricain est interpellé aujourd’hui à une nouvelle option électorale : choisir une posture idéologique.

Passi Keruma

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